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PERE CASTOR

Michka, Marlaguette, La vache orange, ou encore Poulerousse ont émerveillé mon enfance, jusqu'à l'arrivée de Goldorak ! La vaccination est à l'image des belles histoire du Père Castor : elle émerveille le grand public. Je me souviens encore de ma maîtresse, en "leçon d'éveil" comme on disait autrefois, nous contant l'histoire du petit Joseph Meister, devant son public vibrant d'émotion. Une histoire toujours racontée en classe de CM, au demeurant, une histoire moins triste que La Petite Chèvre de Monsieur Seguin !

Je ne suis pas contre les belles histoires dorées, mais la limite est atteinte quand elles travestissent l'Histoire, quand l'Histoire se confond avec l'histoire.

"Père Castor, raconte-nous une histoire !"

Vous voulez l'Histoire vraie, telle qu'on la raconte dans l'album non illustré Pour en finir avec Pasteur du Docteur Eric Ancelet ? C'est un peu long et moins drôle, je vous préviens...

Il était une fois la rage. Elle faisait peur, elle impressionnait, de part les symptômes des animaux enragés : l'envie irrépressible de mordre, la bave écumante. Il y avait en moyenne 30 morts par an en France entre 1850 et 1872, et seulement 4 morts par an de 1875 à 1885. A la même époque, la tuberculose faisait 100000 victimes ! Le 22 juin 1885, 1er essai officiel d'un vaccin de Pasteur : l'enfant décède (je vous avais prévenu que c'était triste). En juillet 1885, après plusieurs autres décès, le célèbre Joseph Meister est le 1er "miraculé". Le miracle tiendrait plutôt au fait qu'il ait survécu au vaccin. J'ai oublié de vous dire dans l'histoire que les autres enfants mordus par le fameux chien, non vaccinés, ne sont pas morts non plus. En fait, il est impossible de savoir si le chien avait la rage, il n'a pas été expertisé. Il faut aussi savoir que Joseph a été mordu à la main  : il n'avait que 5 % de risque de mourir de la rage (si le chien était bel et bien enragé ! ). Vacciner un seul enfant et proclamer avoir découvert le vaccin antirabique n'a aucune valeur scientifique. Pasteur n'a d'ailleurs pas découvert ce vaccin, il l'a emprunté à Henri Toussaint dont le nom n'est pas resté dans l'Histoire. Pasteur en a modifié la base en prenant de la moelle desséchée, procédé jugé trop dangereux par Emile Roux, le collaborateur de Pasteur, qui refusa alors de s'associer avec lui. Pasteur vaccine à nouveau en octobre 1885 un 2ème enfant : Jean-Baptiste Jupille, qui survit. Pasteur communique aussitôt son succès à l'Académie des Sciences.

Vous n'êtes pas trop fatigué ? Vous voulez la suite ? Le jeune Jules Rouyer, mordu le 08 octobre 1886 par un chien inconnu, reçut un vaccin "intensif" de Pasteur. Il meurt quelques jours plus tard. Le père porte plainte. Le professeur Brouardel, ami de Pasteur, est chargé de déterminer la cause de la mort. Résultat: l'enfant est bien mort de la rage, mais pas de la rage naturelle vu les délais. En accord avec Roux, Brouardel fait un faux-témoignage pour ne pas déshonorer l'ami Pasteur (qui était donc responsable de la mort de Jules).

Accusé par ses détracteurs d'homicide par imprudence, Pasteur essaie de se dédouaner et trois de ses fidèles collaborateurs acceptent de servir de cobayes en se faisant vacciner pour démontrer l'innocuité des injections. Le neveu de Pasteur, Adrien Noir se retrouve alors temporairement paralysé. Pasteur ne tenta pas l'expérience sur lui-même ! Jamais !

Pour finir sur la rage : les pastoriens disent avoir inoculé, en 1886, 1929 français. Ils reconnaissent la mort de 18, et disent donc en avoir guéri (calcul de tête les enfants ?) Bravo : 1911 ! Mais cherchez l'erreur les enfants... Avez-vous bien écouté le début ? Combien de morts par an en moyenne à l'époque ? Allez... Oui, 30 en moyenne. Vous en concluez quoi ? Précision : ne sont pas comptés par Pasteur les morts pendant le traitement (entre les 2 injections antirabiques) ou dans les 15 jours qui suivent la dernière injection... Pour l'efficacité, on repassera !

Adrien Loir (le neveu de Pasteur), dans son livre A l'ombre de Pasteur, raconte un autre subterfuge de Pasteur, lors d'une expérience d'un vaccin contre le charbon le 28 août 1881 à Pouilly-le-fort (donc quelques années auparavant, si vous suivez la chronologie ! ). Pasteur voulut prouver que son vaccin était meilleur que celui de Toussaint, mais utilisa tout de même au dernier moment celui de son adversaire ! C'est pas beau de tricher, ne faites pas pareil les enfants !

"Tout en décriant les méthodes des autres, il finissait par se les approprier" écrit Sylvie Simon dans Vaccination, l'overdose. L'anglais R.B. Pearson publie en 1942 Pasteur : plagiarist, imposter. Le livre n'a pas été traduit en France, mais je crois que tout le monde comprend le titre... Cependant, rendons à César ce qui lui appartient : on doit au chimiste Pasteur la découverte du staphylocoque et du streptocoque en 1880. L'Histoire aurait pu s'en contenter, mais la France avait besoin à l'époque d'un héros d'une autre dimension, quitte à tordre le cou à l'Histoire. Petite précision : la pasteurisation est un brevet de Pasteur (déposé le 11 avril 1865, merci Wikipedia), mais directement inspiré de la découverte de Nicolas Appert publiée en 1810.

Encore une histoire ? Celle de la la vaccination contre la variole ?

Bon d'accord, mais vite fait, alors ! Vous connaissez cet album ? Vaccination, le marché de l'angoisse du docteur Gerhard Buchwald, un album à ne pas mettre en toutes les mains car il y a des photos assez terribles. Il était une fois, la vaccination contre la variole qui débutait avec la "variolisation". On prenait du pus de gens malade, et on scarifiait avec, des gens bien portants. Introduite en Angleterre en 1718 par Lady Mary Wurley, et en 1781 par le docteur Hufeland en Allemagne, le résultat fut le même : un véritable fiasco! Il faut attendre l'anglais Jenner fin du 18ème siècle pour avoir le premier "vaccin", le pus venait alors des pis de vache atteint de la maladie de la vaccine. En 1790, il vaccine son fils et un autre enfant ainsi qu'un femme enceinte : les 3 premiers accidents vaccinaux. Cela n'empêche par le vaccin d'être envoyé dans toute l'Europe, et les crises d'accidents vont s'enchaîner. Jusqu'à son éradication, grâce à l'endiguement, comme le précise Michel de Lorgeril et assez clairement l'OMS. Je vous aurais bien raconté la révolte des habitants de Leicester en 1885 : une manifestation monstre de 80000 personnes...mais il est tard.

"Encore ! Encore !"

Bon, la dernière, celle-ci vous la connaissez bien, vous y avez eu droit tous les jours pendant le confinement. Voici un conte issu de la tradition soufie. 

La Peste était en route pour Bagdad quand elle rencontra Nasruddin.

- Où vas-tu ?, demanda Nasruddin.

- A Bagdad pour tuer dix mille personnes, répondit la Peste.

Plus tard, la Pesta croisa de nouveau Nasruddin. Très en colère, ce dernier lui dit :

- Tu m'as menti. Tu as dit que tu tuerais dix mille personnes et tu en as tué cent mille.

Et la Peste répondit :

- Je n'ai pas menti, j'en ai tué dix mille. Les autres sont mortes de peur.

Maintenant, au lit tout le monde!

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